Volontaire parachutiste au 1er RCP (1)

                                     

  - DÉCEMBRE -

                                       Le premier saut de manœuvre compagnie .
 
             En décembre nous devons effectuer le premier saut , compagnie groupée , hors du contexte sécurisant de l' E.T.A.P.

Psychologiquement c'est un passage très sensible , son bon déroulement est déterminant pour l' avenir .

Il s' agit d' un saut, dit de manœuvre, sur zone extérieure .Les parachutistes outre leur musette toujours trop chargée, sont porteurs de leurs gaines d' arme , de transmission, de leurs outils individuels .....Levé à quatre heures du matin ,glacé par un froid vif , n'ayant dans le ventre qu' un bol de café noir le para s' équipe, les moniteurs le secouent ,le manipulent sans ménagement  .

Dans sa tête les séquences à venir se bousculent : la sortie ,la descente sous voile ,le largage des gaines , la réception au sol , le regroupement .....Le corps cassé en deux sous le poids de la charge c'est l'embarquement .

Dans l' avion les visages sont tendus ,les gradés donnent les dernières consignes dans le vacarme des moteurs. SONNERIE !!!!
VERT !!!!!A une cadence que contrôlent tout juste les largueurs , les cadres répartis sur les câbles donnant le tempo par les deux portes , les avions de la compagnie sont évacués en un rush impressionnant qui voit les derniers de passages franchir la porte au pas de gymnastique .
Aucune défection!! Formation initiale terminée, la 3° reprend sa place dans l'ordre de bataille des Compagnies de Combat .Ces jeunes, à leur tour, ont fait leur notre devise JE VEUX JE PEUX .
 

         - Il est ouvert ! ! ! Le paysage est grandiose ! ! ! Quelques secondes de bonheur indescriptible ! ! ! -

 

               - A peine posé la séquence combat reprend la priorité........ -

 
NOËL approche :  , la perspective du départ en permission de longue durée ( P.L.D. ) pour l'une des deux fêtes donne du courage aux Noirs qui sont confrontés pour la première fois aux exigences du tour de " Compagnie de Grande Semaine " .

Le déroulement de ce type de semaine n'est guère prisé de nos Parachutistes .  Il y a la garde au Camp d'Idron pleine d'embûches , à commencer par la présentation matinale au Colonel, et puis toutes les servitudes, dans tous les coins du Camp.

Nettoyage à la C.D.O. ( service de restauration ) , nettoyage du foyer , rangements divers au MATI  ( magasin d'habillement et du commissariat ) , mise à disposition du S.G. ( Service Général ) pour toutes taches d'intérêts collectif, entretien du Champ de Tir........en gros des tas d'activités peu gratifiantes dont nos Paras se passeraient bien volontiers.

         L 'Apprentissage  de la vie en collectivité, le Para Avignon et ses copains de chambre  à Noir 1 . Moment de détente.                      

 

 Avant la réintégration pour le départ en permission , nettoyage et revue d'Armes par le Sergent Kestler de Noir 1.

 

     - La météo est au rendez-vous ..... comme pour donner le signal du départ en permission de Noël. - 

 - JANVIER  - 

Début janvier toute la Compagnie est à Idron.  A leur retour de permission les Parachutistes ont appris par le tableau de présentation des activités, à l'entrée hall du P.C. de Compagnie , que le départ pour Barèges était imminent. 

BARÈGES :  voisine de Luz Saint Sauveur , station thermale et centre de sports d'hiver Barèges , depuis l'abandon de Cauterets et de Pont d'Espagne , restait le seul lieu d'implantation d'une emprise Militaire à caractère montagnard dans la partie Ouest des Pyrénées.

C'est  dans un ancien Hôpital Militaire , transformé en centre d'entraînement en montagne que les unités stagiaires y étaient accueillies.  


 

                D'aspect austère le centre est adossé à la montagne et bordé par le Gave.  Il n'offre qu'un tout petit dégagement utilisé comme parking des camions et des jeeps.

Au gré des réorganisations structurelles de l'Armée de Terre, le centre dépendait tantôt de Bordeaux, tantôt de Toulouse voire même de la 11eme Division Parachutiste qui lui fournissait des Cadres ( notamment le 1er R.C.P. ) 

       - Insigne du Centre -  dont la symbolique évoque à la fois le souvenir des Troupes Alpines et la proximité sinon l'appartenance à la 11eme D.P. 

Dans les Années 70, le Centre était Commandé par un vieux Soldat Montagnard expérimenté, célèbre dans toutes les Troupes Alpines.   On racontait qu'entre lui et la 3 il y aurait eu un impardonnable contentieux à base de WC débouché à la grenade, d'enveloppes de matelas ( T.M.M. ) transformées en chiffons d'Armement, et de traversins mystérieusement disparus. ............on raconte aussi que lors des exercices de Combat notre Capitaine ( de Warren ) utilisant judicieusement le terrain s'obstinait à ne jamais tomber dans les embuscades prévues, au grand dam du Commandant du centre......mais que ne racontait t'on pas quand il s'agissait des Noirs ! ! ! 

La création du Parc National des Pyrénées interdisant l'emploi des Armes, supprima sans appel les activités liées au tir et au Combat, réduisant de fait les programmes d'été comme d'hiver, à la seule pratique des déplacements et stationnements en milieu Montagneux.

C'est dans ce contexte que nous allions une ou deux fois par an nous oxygéner à Barèges.   

 - En route vers un sommet -

 


 

- Les premières plaques de neige -

 


  
- Une Section en cours de descente en équilibre précaire -

 

 

    - De ses passages chez les Alpins, le Lieutenant  C . Journaux a conservé une bonne technique de descente en  " ramasse "  avec  piolet - 

Comme il n'y avait pas assez de neige nous n'avons pas utilisé les skis, donc il n'y a eu aucune casse à déplorer et la Compagnie en pleine forme et au grand complet  a rejoint ses chalets à Idron.

Les Paras sont heureux de ce séjour et envisagent  l'avenir avec confiance. 

Au cours du mois de janvier nous effectuerons un nouveau saut de Manœuvre sur Zone extérieure.

 

                 - Saut de Manœuvre -

  
- FÉVRIER - 

Délaissant un peu les autres activités, nous préparons avec ardeur une manœuvre de niveau Brigade ayant pour Thème la projection Outre-Mer et combinant l'emploi des trois Armées.  Terre - Air - Mer .

Celle ci aura pour nom " STERNE " et se déroulera en Corse.

La 3° sera mise en place par Parachutage , d'autres Parachutistes feront un tour sur un Bâtiment de la Royale.  La perspective du Saut et de la découverte de la Corse enchante tout le monde.  Mais ce Saut il va falloir le mériter  ! ! !

Ceux qui croient que nos Compagnies de Combat ressemblaient à des Paras Clubs se trompent lourdement. 

En pleine nuit le convoi des G.M.C quitte Idron et gagne le parking B.O.M.A.P à Uzein.  Bien entendu il fait un frois humide qui nous transperce.  Nous formons les Avions , les Faisceaux sont alignés puis nous percevons les Parachutes .

Dans la lueur blafarde de quelques lampadaires , règne une ambiance de fourmilière, pourtant tout est réglé de manière précise selon un cérémonial maintes fois répété et que dominent les Commandements des Cadres et les cris des Parachutistes qui se comptent et se recomptent jusqu'au fameux " Terminé Moniteur ". 

Vérification ! Essayage ! Formez les Faisceaux ! ! !  Premier contact avec le jeu de Pépins, le Dorsal et le Ventral.

Puis vient le temps d'une dernière cigarette, d'un dernier pipi..........  Aux Faisceaux ! En commençant par le casque ,  équipez vous !  !  Comme dans la chanson les sacs sont lourds , les doigts gourds , malhabiles à fixer les courroies des Gaines et des Systèmes d'accrochage ...........Le ballet reprend :

Serrez vers l'Avant ! ! On se met en colonne , on fait un pas à droite ou un pas à gauche , on fait face vers le centre , on se réaligne..... et les Moniteurs nous prennent en compte, procédant à des vérifications qui nécessitent de mystérieuses empoignades , des secouages rituels , dont le but est connu des seuls initiés ! ! !   Le Club très fermé des Moniteurs ! ! ! .

Malheur à l'étourdi qui n'a pas croisé les cuissardes ou dont la sangle de délestage de Gaine ne suit pas le cheminement prévu ! ! ! Tout ce rituel est garant de leur sécurité et sa stricte observation accaparant toute l'attention des Parachutistes les empêche de trop se concentrer sur leur appréhension.       Pendant ce temps toute une Flotte de Nord 2501 s'est approchée dans la pétarade assourdissante des moteurs à pistons.   Nous embarquons péniblement dans les Nords rugissants par une petite échelle coté gauche.  


 

 
 
Le décollage est toujours apocalyptique , enfin à grand peine nous prenons de l'altitude et filons vers la Méditerranée en longeant les Pyrénées.  Les portes ont été enlevées il fait un froid de canard .

Les Paras serrés  les uns contre les autres somnolent ou pensent à leur petite amie ou se demandent tout simplement dans quels ennuis ils sont encore allés se fourrer.  Mais tout va bien ............jusqu'à ce que notre Avion ne tombe comme une pierre.

Nous sommes au dessus de la Mer et pour des raisons d'ordre tactique nous allons voler , en Formation , au ras des vagues .    l'Avion de Noir 4 n'est pas leader mais simple équipier  ! ! !   Cela signifie que , aile dans aile , le Pilote va corriger en permanence sa position par rapport au leader.

Les estomacs naviguent des Rangers au Casque au gré des trous d'air.........Les teints sont cireux , tous transpirent et cependant grelottent de froid.......

La plupart des Paras sont malades ....... certains résistent tant bien que mal .   Après un très , très long voyage , en même temps qu'une bouffée d'air chaud aux fortes senteurs de maquis nous parviens , nous recevons les Ordres  de préparation au Saut.

Là , tout va très vite , après quelques rappels que personne n'écoute , les Largueurs sont contreints de s'écarter  pour laisser passer Noir 4 , au paquet ! ! !   dans une charge impossible à endiguer ! ! !

Le Saut devient une sorte de fuite en avant , pour échapper à cette épouvantable  approche en Vol tactique et tous se ruent aux portes.    


 

 
Dès l'ouverture nous nous rendons compte que Borgo est une Zone de Saut un peu particulière.

 

 
Soudain nous disparaissons dans des bruyères géantes de deux à trois mètres de haut.  Le regroupement sera homérique .   

Nous allons beaucoup Crapahuter , harcelés par les Jeeps ennemies du 1° R.H.P. , nous allons défricher une aire d'héliportage où aucun hélicoptère ne viendra jamais , nous allons dormir à la belle étoile dans une châtaigneraie ..........Estimant que nous sommes fatigués un temps de récupération nous sera accordé.


 
 
Noir 4 au repos , après avoir mis à profit un moment hors Manoeuvre pour littéralement dévaliser un magasin de vente de produits touristiques.   Pour cet exercice nous portions des casquettes fourrées où nous avions fixé l'insigne du Régiment.

Après nous avons fait un tour en mer sur un Bâtiment de la " Royale " 


 

 
Tous les Noirs sont là , par Section , à coté de leurs Faisceaux d'Armes et de sacs attendant l'embarquement sur une petite plage proche de Calvi.

La partie " Terrain " de la Manœuvre terminée une prise d'Armes suivie d'un Défilé réunit les participants à Bastia.


 
 
Défilé des Noirs derrière le Capitaine de Warren , le Lieutenant de Badts Chef de Noir 4, au premier rang les Sergent-Chef Verinaud , Geraud , Wojtal , Pierri , le Sergent-Chef Mandon Porte-Fanion.  Un superbe rang de Sous-Officiers de toute première valeur , une partie des " Grognards " de la 3°.

 

 
Le Drapeau du 1° R.C.P. porté par le Lieutenant  M . de Fritsch Lieutenant Adjoint de la 3° - Ancien Caporal-Chef - du 2° R.P.C. Vétéran de l'expédition de Bizerte et de la Guerre d'Algérie..

La tête pleine de souvenirs nous sommes rentrés sur Idron en aérotransport, prêts pour de nouvelles Aventures, sous le signe du Béret Rouge. 

A PROPOS DES NORD ATLAS :

Pour la vérité Historique il convient de préciser qu'en fait " Sterne " s'est déroulée en décembre 1972 et que nous avons été mis en place par Transall C160.

Je voulais restituer l'ambiance des derniers Sauts à partir du Nord 2501 " la Grise " des Aviateurs.  Pour conclure avec cet avion de légende, déjà très dépassé à l'époque où se situe le récit :

Un épouvantable crash s'était produit lors d'une séance de Brevet à l' E.T.A.P. le 30 juillet 1971, tuant tous les Officiers élèves de l' E.M.I.A. embarqués.

Le Colonel Brenac Chef de Corps, ayant réuni le Régiment , nous informa de sa voix lente aux accents rocailleux, qu'il venait de monter une O.A.P. Régiment et que nous allions tous Sauter de Nord 2501 pour conjurer le sort.   

Tous ont Sautés ! ! ! il n'y a pas eu une seule défection ! ! !  Nos jeunes Parachutistes ont une fois de plus montré qu'ils étaient dignes des Anciens et que l'on pouvait compter sur eux !  Du Ciel au Combat - Je veux je Peux - La Victoire ou la Mort -     

 
 
Au premier plan Le Colonel Maurice Brenac.  Très Prestigieux Officier Parachutiste et Chef de Corps du 1° R.C.P.  ( 1970 - 1972 )   Derrière lui le Colonel René de Biré lui aussi un " Seigneur " Chef de Corps du 1° R.C.P. ( 1972 - 1974 ) , en arrière plan à gauche le Lieutenant-Colonel Bongeot dit " Juju " Ancien des S.A.S. parachuté en Hollande pendant la deuxième Guerre Mondiale, personnage haut en couleurs, au langage fleuri.  Le quatrième en partant de la droite est le Commandant Grammont Patron du Centre de Barèges.

 

 
                                                 - LE NORD 2501 ( NORD ATLAS ) -
 

- MARS - 

Un séjour de 15 jours au Camp de Caylus occupera l'essentiel de notre temps au mois de Mars.

CAYLUS est une petite bourgade située à quelques 30 kilomètres au Nord Est de Montauban. 

 
 
    Le Camp des Espagots , une sorte de rectangle de 10 kilomètres sur 20, jouxtant Caylus dans ses limites Sud.
 
 
                           C'est un ancien Camp d'entraînement et de tir remis en usage après la Guerre d'Algérie
 
 
               Son Baptême moderne est Camp Lieutenant-Colonel Normand............ pour les Paras il demeure CAMP DE CAYLUS.

Ce Camp était tout à fait adapté aux besoins de la 11° Division Parachutiste .   On y organisait les tests Opérationnels et les divers contrôles techniques jusqu'au niveau Compagnie.

On y Sautait - . la zone de Saut des Espagots  - bordée de murettes en pierres sèches , de fermettes, de bosquets avait la réputation d'être Virile.

Pour un visiteur non averti cette particularité semblait démentie par la réalisation de travaux d'amélioration considérables .

Mais il arrivait trop souvent à notre goût, que nous soyons largués, de jour comme de nuit........ un peu en dehors du réceptacle prévu et si la Zone était devenue " souple et herbeuse " comme disent les manuels , ses abords se révélaient plus que rugueux .De nombreux Parachutistes en feront l'expérience.  

Le Camp offrait aussi des conditions d'hébergement idéales , soit dans des bâtiments modernes chauffés , soit dans des cantonnements sous forme de fermes rustiques , soit en zone de bivouac sous guitoune.

Nous pouvons y tirer à toutes les Armes , mettre en oeuvre les explosifs , nous entraîner aux Combat et pratiquer l'apprentissage de toutes les techniques en usage dans nos Unités.    Ce séjour tombait à point nommé pour nos Appelés Volontaires Parachutistes au début de leur 6eme mois de Service .

Après des espérances de mise en place par Parachutage déçues pour des raisons de météo, nous avons emprunté la voie routière. 


 
 
Le Caporal-Chef Brugean aide un Parachutiste à s'équiper avec son E.L.8. ( gaine de fusil mitrailleur ou de lance roquette ) sur le parking B.O.M.A.P. de Uzein .  Ce jour là à défaut de Sauter nous nous sommes consolés en estimant que nous avions fait nos deux heures d'instruction T.A.P. hebdomadaires. 
 
 
Mettant à profit une halte technique , Jean-Pierre Ravery casse la croute derrière la remorque d'allégement de Noir 0.  ( pour une fois le photographe photographié ) 

MISE EN OEUVRE DES EXPLOSIFS :

 
 
Ces petits Noirs ont l'air intéressés par l'enseignement de leur Capitaine sur les " queues de charges "
 
 
Sous le regard vigilent du Sergent-Chef Dasteguy chacun prépare sa mise de feu.
 
 
Au moment de l'allumage il reste tout de même une petite appréhension.
 
 
Nous avons estimé la posture de ce Char arrogante , aussi avons nous " traité " son tube ! !  Le Lieutenant Richard Rullier nouveau venu à la Compagnie, n'en croit pas ses yeux...il a pourtant bien été prévenu que les Noirs ne font pas de cadeau.

 

   

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