Saint Michel

 

 Nos aïeux ont choisi Saint Michel comme patron. Celui-ci s'étant montré au ciel le défenseur des droits de Dieu. Ce fut d'abord cette messe du 13 juin 1948 en l'église cathédrale d'Hanoï, sous la présidence de Monseigneur l'évêque vicaire apostolique de Hanoï, en présence du Colonel commandant les parachutistes du Tonkin qui consacra Saint Michel.

Dans le cœur figuraient le drapeau du 1er RCP entouré de sa garde d'honneur, des fanions des bataillons et compagnies parachutistes.
Au triomphe de l'année précédente, cette cérémonie ajoutait le sens d'une consécration.
Devant un immense auditoire de parachutistes, de militaires de toutes armes et de civils, furent exposées explicitement et en termes précis les raisons de ce patronage jusqu'alors diffuses en bien des esprits.
Une nouvelle tradition est née.

Mais avant d'en arriver là ........

 

les paras sautent au Mont Saint Michel ( crédit photo SIRPA )

 

     

Choix de Saint Patron, éloge de Saint TUGDUAL

 
 

 

   

 

 A propos de Saint TUGDUAL ou TUGDUALD " Historique du choix de Saint MICHEL par le Général de HAYNIN ( pseudo POUPON) "

             - C'était l'époque où il était question du choix d'un Saint Patron des parachutistes . Moi j'étais partisan de Saint TUGDUAL, peu connu il est vrai, cela me paraissait une première raison justifiant son choix. En effet il s'agissant d'un Saint Patron il me paraissait préférable qu'il ne soit pas trop sollicité par d'autres que nous, tant il est vrai que de tous temps trop de solliciteurs ne peuvent qu'entrainer le saupoudrage des bienfaits .

En outre les parachutistes à eux seuls me paraissent constituer à l'évidence, une source de préoccupation - même ( ou surtout ) pour un Saint, il était manifeste que l'intérêt commandait l'application de la vieille règle Militaire de la concentration des moyens et donc le choix, de préférence, d'un Saint Patron que d'autres bougres n'interpelleraient pas d'un peu partout quand il aurait - selon toute vraisemblance - déjà bien du mal à traiter les dossiers des parachutistes ....

En outre "notre" Saint TUGDUAL était manifestement un brave Saint - voir un Saint brave  - et, sans discussions possibles, un précurseur . En effet, Celte blond ou roux - moi je le voyais bien en rouquin barbu - il s'était signalé à notre attention par un exploit peu commun . Tout le monde connait à présent la zone " manche-ouest " des informations météo marine . Hors ce bougre là avait traversé cette zone en auge de pierre, sur coussin d'air " d'aucuns disaient à la rame ou à la voile " de Bretagne en Cornouaille ou en Irlande "ou inversement, je ne m'en souviens plus " pour aller convertir les païens " qui je crois, avaient ultérieurement eu sa peau " certes ses détracteurs rigolaient quand nous parlions de cet exploit . Et pourtant, aujourd'hui personne ne rigole quand un british " encore eux " relie son île à Leningrad en baignoire à moteur hors bord. Alors, pourquoi pas une baignoire en pierre pour TUGDUAL ? Par ailleurs, cette action me paraissait justifier pleinement le choix de ce dernier comme Patron des parachutistes par l'originalité dans la conception, la hardiesse dans l'exécution, la réussite dans la mission, bref la surprise, évidentes caractéristiques de l'action des dits parachutistes " du moins en principe " .   

Mais de plus il y avait un aspect, comment dirais-je, sentimentale, ou en termes militaires, de discipline intellectuelle ( il est vrai matinée d'un rien d'affectivité ) En effet, à notre niveau si je puis dire, le "promoteur" de TUGDUAL était un de nos chefs d'alors, ardent défenseur des techniques et qualités de son "poulain" (originalité, hardiesse, etc, voir ci-dessus) et qu'il vivait en quelque sorte lui même. Ayant - comme TUGDUAL - l'esprit "missionnaire" développé, l'oeil vif et le comportement agile, porté aux relations humaines ( de préférence non publiques ) marcheurs véloce et tireurs confirmé ( certains prétendaient même quà l'arc il était très fort ) , infatigable et navigateur confirmé, mais aux patronymes, synonymes et pseudonymes faisant un état civil un peu compliqué, nous l'appelions le plus souvent entre nous " le barbiquet " et j'avais pour lui - et ai toujours - estime, respect, un peu d'admiration et une certaine sympathie .  

Enfin, un Saint Patron me paraissait devoir avoir des adeptes, protégés potentiels. Or, TUGDUAL, de ce coté là, était servi, si je puis m'exprimer ainsi, tous ceux - où presque - que je connaissais étaient plutôt de joyeux drilles, certes un peu mécréants parfois, mais une bonne pâte de fidèles . Bon nombre étaient - voir se disaient - compatriotes du futur Saint Patron en question, où au moins sympathisants du monde celtique ( j'en ai même connu un qui - tard dans la nuit il est vrai - prétendait l'avoir connu dans une vie antérieur ) . En général guerriers hilares mais efficaces, bon nombres d'entre eux avaient fait leurs premières Armes dans les Landes et forêts bretonnes, entretenaient de bonnes relations avec les korrigans et les fées ( surtout les fées ) ! Ils avaient pour certains des prénoms à ne pas se tromper, fleurant bon le genêt, le gui et les liquides à base de plantes celtiques ( souvent écossais ou irlandais ) . C'étaient, à leurs heures, des propagandistes chaleureux, bref de joyeux ( TUGDUALISTES ) !    

 Il est d'ailleurs juste et nécessaire d'ajouter qu'ils ne faisaient que suivre ainsi la voie traçée par les spécialistes, hommes de religion, abbés devenus aumôniers dont deux notamment se distinguaient dans le combat pour le choix d'une Sainteté Patronale, bâtis du granit dont on fait les dolmens et solides comme ceux-ci ( du moins jusqu'à une certaine heure ) , formés aux rudes techniques des croisades antérieures contre sarrasins, albigeois, huguenots, bleus, puis blancs, puis rouges, bavarois, turques, etc, c'étaient des prédicateurs véhéments aux prêches courts en langage des camps ( cru mais expressif ) sachant parler aux païens l'oeil soupçonneux, le verbe haut, le goupillon dans une main ( ou au ceinturon ), la carabine dans l'autre , le bidon plein ( du moins un moment ) pour aider à la conversion ( ou fêter la rencontre d'un disciple ) ils connaissaient et pratiquaient les philtres chers aux druides et leurs succédanés comme le " guin-rû " , breuvage rare mais qu'ils étaient les seuls  ou presque à consommer librement s'approvisionnant à bord des bâtiments de la " Royale " dont le quart des équipages leur était cousin, camarades de classe d'enfants de coeur, de séminaire, de batailles sous les crachins bretons contre les teutons et cosaques ( engeances cousinant avec Attila comme chacun sait donc païens à exterminer ) ou tout simplement sympathisants de TUGDUAL par affinités. C'était donc des guides spirituels sans détours comme l'ont voit . D'ailleurs nous appelions l'un d'eux " RASPOUTINE " c'est vous dire .       

 Evidemment, je vous le disais, TUGDUAL était peu connu . Rares étaient ceux qui connaissaient sa vie ( ou prétendaient la connaitre ), il ne figurait pas " à l'annuaire " et si évidemment il avait été homme de bien - puisqu'il avait été " promu " Saint - nous le connaissions surtout par son coup de commando. Mais on ignorait réellement le jour des sa fête. Nos prédicateurs Tugdualistes ayant consulté les chefs, les augures, la moitié de leurs fidèles, le quart des équipages de la flotte et tous les autres navigateurs ( de l'Armée de l'Air ) étaient arrivés à la conclusion que la fête devait coïncider avec la traversée. Pour qui connait la zone " manche ouest " , l'été était exclu trop de passages, et puis on ne convertit pas les païens pendant les vacances. Exclu également l'automne, tempêtes, préparatifs au dur hiver celtique . L'hiver, pas question, brumes voire grains de neige, et le païens hiberne, donc peu réceptif. Restait le printemps, mars et avril, avec les coups de vent d'équinoxe et la pêche au maquereau, étaient très peu vraisemblables. A l'évidence l'affaire s'était faite en mai, mer bleu, soleil déjà brillant, vents favorables, petits oiseaux s'éveillant, nature et enfants de Marie en fleurs, tout concordait . La fête serait donc en Mai , la date restant à préciser ni le premier, ni le 8 bien sur ( déjà pris par des jours de congé programmés ) , mais une étude plus poussée des vrais Tugdualistes régleraient la question. 

  A l'époque actuelle, un problème tel que celui du futur patron donnerait lieu à colloques, séminaires ( occasion ou jamais ) , commissions avec beaucoup d'appelés ( mais comme dit l'Ecriture peu d'élus ) , mise sur ordinateur et rapport réponse concluant à une préférence pour un chiffre, 13 par exemple - ou mieux une de ses puissances ( sans dépasser la treizième ) - afin d'éviter de facheux rappels à l'alliance du sabre et du goupillon ou que des " amis potentiels " puissent y avoir une relance à une quelconque croisade. Mais à l'époque dont je vous parle, ça ne se passait pas encore comme cela . C'était comme au Parti, le Bureau délibérait, le secrétaire général décidait et transmettait et les fédérations, sections et cellules exécutaient . Et c'est ainsi que dans les cellules on a un beau jour appris que le " Commandosse " Tugdual retournerait à la clandestinité au profit d'un général d'une sorte de Garde Nationale des Anges et donc que l'Armée régulière l'emportait sur les marginaux, SAINT MICHEL  était nommé Patron des Parachutistes. Alors, disciplinés on a arrosé cela .

  Depuis, tous les ans, selon le temps, son emploi, les progressions, défections, permissions, humeurs, dispositions, et les chefs ( qui pas encore Anges, ne peuvent à l'évidence être partout en même temps ) depuis donc on Saint-Michelise de septembre à octobre, dur période où bien des organismes sont mis à rude épreuve, surtout lorsque pour les raisons ci-dessus, certaines festivités se trouvent très rapprochées.

 Mais qu'importe, on en a vu d'autres ! Et comme on disait ( ou presque ) avant 1989 " TUGDUAL est mort vive SAINT MICHEL "     

  

Ci-dessous, Extraits de la Biographie du Père CASTA où Il raconte la naissance de la Médaille de SAINT MICHEL

A la recherche d'un Saint protecteur

En cette fin d'été 1947, les activités opérationnelles plus ou moins en sommeil permettent au père CASTA de reprendre ses relations amicales avec les Aumôniers du 1° R.CP. Un soir de septembre, au cours d'un repas pris en commun, la conversation s'engage sur le choix d'un Saint Patron pour les Parachutistes.

         - Toutes les Armes de notre Armée ont leur Saint Patron : les cavaliers ont Saint Georges, les artilleurs et les sapeurs, Sainte Barbe, les transmissions l'Archange Gabriel et le matériel Saint Eloi . Mais comme toujours pour les paras, le choix n'est pas simple. Ceux de Pau penchent pour Saint Pépin, ceux de Meucon, avec MASSU et le curé aumônier Guillaudot, apportent leurs suffrages à des élus locaux : Saint Colomban, Saint Pabu ou encore Saint TUGDUALD ...

Et le père JEGO de renchérir :  - A mon avis, c'est SAINT MICHEL qu'il nous faut, l'Archange qui a terrassé le dragon . Le symbole est fort, d'ailleurs des S.A.S ( spécial air service ) parachutés en normandie en 1944 portaient une médaille représentant Jeanne d'Arc d'un coté, SAINT MICHEL de l'autre . En janvier 1947, lors du départ du 3° bataillon du 1° RCP pour l'Extrême-Orient, à la Messe dite dans la Cathédrale de Bône, devant nos Fanions rassemblés, la protection de l'Archange a été invoquée ...

C'est alors que le père MULSON se tourne vers CASTA : - C'est toi le plus jeune, à toi de constituer le dossier pour notre hiérarchie exposant les ffondements historiques et liturgiques de ce choix.

 C'est ce que va faire le père CASTA. L'année suivante, la première cérémonie officielle en l'honneur de l'Archange, Patron des Parachutistes, sera célébrée le 13 juin en l'église cathédrale de Hanoï .

 

La Médaille de SAINT MICHEL telle qu'elle a été frappée à partir de la matrice de création en 1947/48

 

                 

SAINT MICHEL dans une église en Indochine ( fin des années 40 ) 

 

dans les années 70 au camp d'Idron, cérémonie religieuse de la SAINT MICHEL 

 

 

Vitrail de la Chapelle de l' ETAP " Saint Michel " oeuvre du Capitaine CHAUDRON

 

Le Père CASTA  ( peu avant son décès) élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d' Honneur  en conversation avec le Général SIMON

 

                     A l'occasion du décès du père CASTA il a été évoqué de façon succincte les démarches qui ont conduit à ce que Saint Michel  fusse reconnu comme Saint Patron des Parachutistes .

Ci-dessous je vous en livre un extrait :

J’apprends avec une infinie tristesse le décès du Père Casta.
Je ne peux m’empêcher de le revoir , fin 1947 début 1948, .

Cela se passait à la Concession, près du Grand Lac à Hanoï, où était cantonné le 1/1 RCP.

Accompagné du Père Mulson, parfois du Père Jégo, Il s’installait pendant des heures à la Bibliothèque du Diocèse d’Hanoi . Et tous trois recherchaient les documents pouvant être utiles pour la constitution du dossier de reconnaissance de Saint-Michel comme Patron des Parachutistes.

Ils revenaient , souriants , quand la récolte avait été fructueuse et nous nous mettions en forme des fiches que je tapais sur une vieille machine Remington récupérée je ne sais où .

Ces fiches étaient ensuite envoyées par la voie hiérarchique ecclésiastique depuis l’Aumônerie Militaire jusqu’à l’Archevêché de Paris qui les transmettait au Vatican .

Je me souviens encore la joie qui était la nôtre lorsque nous recevions par le vaguemestre les tubes en carton contenant les réponses favorables .

Mon Dieu que c’est loin tout cela .

Je ne parlerai pas davantage du Père Casta et de ses tourments. D’autres l’ont déjà fait et bien mieux que je n’aurais su le faire .

Il est allé rejoindre celui pour qui il a tant œuvré et qui lui réservera certainement la place de choix qu’il mérite .Très grosse perte pour les paras français.

 


 

                     - " Notre ami Monsieur Ernest MORIN - ancien du 1° RCP ( Seconde Guerre Mondiale, INDOCHINE ) et du 18° RCP (ALGÉRIE )nous communique cette étude du binôme Père CASTA - créateur de la Médaille de SAINT MICHEL et Raymond MUELLE - écrivain de guerre ancien Légionnaire et Parachutiste - auteur de nombreux ouvrages et de très nombreux articles sur les thèmes Guerre de 1939/1945 ,Guerre d' INDOCHINE,Guerre d' ALGÉRIE ,qui font référence "